Botanique et Médicomagie

Sylvinia se mit à la fenêtre de sa chambre de professeur pour regarder le ciel. Une journée pluvieuse et grise, propice au calme et à la réflexion. Et pourtant la matinée avait été bien différente. Le premier cours avec les troisième année avait eu lieu, et comme toujours les réactions par rapport à la matière de Mme Roseraie avait été disparates. Entre ceux qui ne comprenaient rien aux bases, ceux qui ne voulait pas comprendre et ceux qui croyaient avoir tout compris, les premières sessions s'accompagnaient toujours de questions étranges. La session de cette année avait été particulièrement agitée. Si seulement il y avait plus d'élèves intuitifs... Il y avait de bons éléments en cinquième année ceci dit.

Le début d'année était assez légers en cours, et aucune classe n'avait Magie élémentaire cette après-midi là. Sylvinia se mit donc a faire un peu de rangement. Elle passa tout d'abord sa chambre en revue, rangeant quelques vêtements, puis transitionna vers son bureau. Elle aimait beaucoup cette espace, sobre et pourtant parsemés d'objet qui le rendait réconfortant et apaisant. C'est en allant vers son armoire à potion qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait presque plus de Philtre de Paix. Allons bon.... Certes c'était la potion qu'elle réussissait le mieux mais ce n'était pas sa discipline favorite. Mais quand il faut, Il faut.... La jeune professeur se dirigea vers ses ingrédients pour faire l'inventaire... Mandragore... Ok... Sirop d'hellébore ... Vide... Bon et bien elle n'avait plus qu'à commencer par cela.

Elle aurait pu aller demander à son collègue de potions, mais elle savait déjà qu'il n'aurait que de l'hellébore en poudre. Sylvinia avait réalisé assez de fois cette potion pour savoir que les effets n'étaient pas les mêmes lorsque le sirop avait été distillé a partir de poudre. Le calme installé par la potion paraissait moins stable, plus imposé et le temps d'efficacité global en était réduit. Non, il fallait qu'elle aille en cueillir de la fraîche et qu'elle sélectionne avec soin les fleurs. Pas trop jeune, à peine un jour avant la fanaison. Sylvinia mit sa cape sur les épaules et siffla doucement :

"Sei ? Je vais aux serres, tu viens ?"

L'oiseau effectua une virevolte et vint se glisser dans la capuche de sa sauveuse sans plus attendre. L'oiseau préférait les climats chauds, et l'automne pluvieux d'Angleterre ne lui faisait pas particulièrement plaisir. Faute de mieux, il restait souvent à l'intérieur, ce qui ne le ravissait guère non plus. Certes il y avait plus d'espaces au sein du château que ne lui offrirait une simple maison, mais cela n'était pas la même chose que l'air vivace du dehors. Alors les serres de Botanique étaient vraiment un endroit parfait pour lui. Dans la plupart d'entre elles, la température était idéale et les odeurs étaient fascinante. Et puis il lui arrivait de trouver un petit casse croûte à mille patte, ce qui était un bonus non négligeable. La seule chose qui l'empêchait d'y aller seul était le nombre inquiétant de créatures magiques qui y venaient dès qu'il n'y avait plus d'humains en vu. Ce que préférait aussi Sei. L'un dans l'autre, il y allait donc seulement lorsque Sylvinia y passait du temps, se sentant protégé pas la présence de sa sauveuse.  

Quelques minutes plus tard, Sylvinia passait au bureau de son collègue de botanique. Ce dernier semblait assez occupé et lui donna l'autorisation de cueillir de l'hellébore sans trop lui poser de questions. Après tout, la jeune femme ne prévoyait rien de mal, mais ce professeur avait la fâcheuse tendance à poser trop de questions... Après une petite ballade dans la cours de Poudlard, Mme Roseraie rejoignit donc les serres. Alors qu'elle s'approchait de la serre où l'hellébore était cultivée, un doux son lui parvint aux oreilles. La jeune professeur ferma les yeux pour détailler davantage ce qu'elle entendait. C'était pour sûr de l'ocarina, au vu du son rond et mélodieux caractéristique de cet instrument à vent. En parlant de mélodie, celle ci avait des tons orientaux sûrs et pourtant très différents des airs japonais qu'elle avait pu entendre pendant ses longues années dans ce pays.

Il ne fallut pas longtemps à Mme Roseraie pour faire le lien avec une de ces élèves. La serre, la mélodie orientale, peu d'élèves cochaient toutes les cases. Sylvinia n'appréciait pas la compagnie de tous le monde, mais celle ci faisait partie de la courte liste des présences agréables qui lui venait à l'esprit. Et puis de toute façon, il lui fallait cette hellébore. Qui sait quand elle aurait à nouveau le temps d'aller vagabonder dans les serres avec l'année qui s'annonçait mouvementée

Sylvinia s'approcha discrètement. Telle une ombre, elle se posa non loin de la jeune femme qui jouait. Comme elle l'avait deviné, c'était Neïa, la jeune serdaigle qui était là. Son amour pour les plantes était inconditionnel. Elle se serait même excusée à une plante carnivore de ne pas avoir bon goût, telle qu'elle était. Une fois à l'intérieur même de la serre, la musique emplissait les larges voûte des vitres supérieure, dansant entre les plantes avant de parvenir jusqu'aux oreilles. La plupart des plantes étant magiques, des réactions ténus et pourtant perceptible aux cœurs ouverts avaient lieu dans toutes la serre. Un vrai plaisir, non seulement pour les oreilles, mais aussi pour la tête. C'était le genre d'ambiance particulièrement rare, qui la rendait d'autant plus agréable.

Alors que la jeune professeur profitait du son délicat de l'instrument, Seï aperçut le chat. Le GROS chat. Et il n'avait pas l'amour de sa sauveuse pour ses animaux à quatre pattes, ses prédateurs naturels et diablement trop efficaces à son goût. Le chat étant un des animaux de compagnie préférés des sorciers, il avait eu plus dune occasions d'en croiser et le nombre de chats civilisés se comptait sur une seule de ses petites pattes. Seï sortit donc comme une boule de feu de la capuche de Sylvinia pour aller se percher en face des deux femmes et H.u.r.l.e.r.

Le geai de Lidth a plusieurs chants, parmi lesquels des cliquetis et roucoulements très agréables et mélodieux, des petits cris rauques expressifs qui lui servait à communiquer entre eux et... Des cris qui pouvaient percer les tympans quand l'oiseau n'était pas content. Et là, Seï n'était pas content du tout. Il voulait avertir Sylvinia du danger et il ne restait plus qu'une solution à la professeur. Pour ces cas de figures extrêmes et désagréables, elle avait récupéré auprès d'un marchant japonais un petit sifflait qui imitait le roucoulement mélodieux de la maman Geai de Lidth. Elle le sortit donc et souffla dedans deux ou trois fois.

Immédiatement, Seï se tût, s'immobilisa. Il fixa un instant Sylvinia, les plumes toutes ébouriffées. Puis, apaisé et son attention détournée du chat, il procéda à laver ses plumes pour les remettre dans le bon sens. Que d'émotions pour un animal de cette taille ! Sylvinia apprécia quelques instants le silence, puis s'adressa à Neïa. Après tout, elle lui devait quelques explications pour cette interruption quelque peu cacophonique.

"Bonjour Neïa. Je suis désolée de t'avoir interrompue. Seï est quelque peu... Inquiet lorsqu'il s'agit de félins."

Mme Roseraie désigna l'oiseau qui piailla en réponse. Il savait très bien que son humaine ne venait pas de lui faire un compliment. La jeune professeur se dirigea ensuite vers le chat, tendant sa main paume vers le sol pour qu'il la sente. Elle regarda dans ses yeux vert émeraude en s'adressant à lui.

"Je suis désolée, joli chat, pour tes oreilles."

Sylvinia avait toujours été fasciner par l'intelligence dont faisait preuve certains chats sorciers. L'omniprésence de la magie avait toujours des effets surprenants sur les compagnons à poil et à plumes, même des espèces les plus communes. La jeune professeur reporta ensuite son attention sur la jeune femme.

"Tu es venue t'occuper des plantes j'imagine ? Ton professeur ne sait pas la chance qu'il a."

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Seï avait eu le don de faire réagir tous le monde. Le chat qui lui avait fait si peur avait émis un grognement sourd, mais ne semblait absolument pas enclin à bouger tout de suite. Bien que Sylvinia ait senti la surprise de Neïa à sa façon de bouger les épaules, elle ne vit qu'un doux sourire sur son visage. Cette enfant aimait autant les animaux que les plantes, et semblait si peu adaptée au monde des humains. C'était en partie cela qui plaisait tant à Sylvinia, une âme un peu perdue, mais apaisante et bienfaisante.

- Ce n’est rien, nous avons tous des craintes, c’est ce qui fait de nous êtres-vivants.

La réaction du chat montrait son attachement à son humaine. Neïa se rendait-telle compte qu'elle était le centre de gravité, le centre de la vie de ce petit être. Enfin petit... Le Main Coon faisait bien deux fois le volume d'un chat classique, différence engendrée à la fois par le poil de l'animal que par sa taille en elle même. Après lui avoir fait une petite gratouille derrière l'oreille, Sylvinia fit quelques pas à l'apposé de Neïa. Elle n'avait jamais été fan de la proximité et laissait donc toujours à son interlocuteur une zone de confort spacieuse.

A la deuxième interlocution de sa professeur, Neïa rosit visiblement. L'ego de cette adolescente était si inexistant que s'en était parfois inquiétant. La modestie était certes une qualité, mais comme tout trait de caractère l'équillibre était de mise pour ne pas se perdre.

- C’est moi qui aie de la chance que l’on me permette de m’occuper de mes amies !

La jeune Serdaigle attrap la nourriture de ces fameuses amies et les nourrit. Les plantes en général étaient toujours sensibles à ce genre de choses, mais ce n'était rien en comparaison des plantes magiques. Cependant, peu de personnes dans le château n'aurait eu le courage de s'occuper des plantes de la serre. Un certain nombre était imprevisible et dangereuse, certaines étaient même mortelles. Hormis les personnes comme Neïa, surdouée en botanique, cela suffisait pour les tenir loin des serres.

- Elles sont timides.

Sylvinia sourit, sans moquerie, mais avec malice. Elle connaissait un certain nombre d'élèves qui auraient eu des qualificatifs tout à fait différents pour ces plantes. La jeune professeur se rappela alors pourquoi elle était là. Et vu qu'elle avait quelqu'un avec elle qui connaissait les serres à la perfection, autant en profiter non ?

"Dis moi Neïa, sait tu où sont les Héllébores s'il te plait ?"

La jeune professeur sentait les questions venir, et décida de prendre les devant et de s'expliquer.

"Je n'ai plus de sirop d'héllebore pour mon Philtre de Paix. Je préfère preparer ce genre d'ingrédient moi-même."

Mme Roseraie sourit gentiment à son élève, étant prête à retenir ses indications au besoin. Même si elle était à peu près sûr qu'en tant que grand coeur, Neïa allait directement la mener aux bonnes plantes.

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Au sourire que son élève lui décrochait, Mme Roseraie répondit avec un sourire plus calme, plus posé, plus retenu aussi. Bien qu'elle s'attachait souvent à ses élèves, la jeune professeur ne le montrait que très rarement. En réalité, c'était vrai aussi pour ceux qui ne faisait pas parti des élèves. Pour deviner que Sylvinia vous appréciait, il fallait lire entre les lignes. Neïa rangea son instrument de musique avec sa même douceur habituelle, puis montra une direction.

- C’est par là-bas, elles ont un espace assez restreint car ces petites coquines sont assez curieuses et peuvent vite se retrouver dans le terrain de leurs colocataires. C’est assez paradoxal quand on pense que leur curiosité permet aux gens de se calmer.

Paradoxal et pourtant... Neïa écouta l'explication de son professeur sans en demander plus. La discrétion dont elle faisait preuve était aussi une bonne chose, bien que parfois dommage. C'était le cas en particulier en cours et qui séparait une bonne élève comme Neïa, d'une élève à note Optimale comme Elyana. Bien que Elyana aurait eut des milliers de choses à apprendre de Neïa... Des choses bien plus importantes que de poser des questions...

- C’est un grand signe de respect de vouloir les cueillir vous-même pour vos breuvages, elles vous en seront reconnaissances en vous donnant le meilleur d’elle-même, j’en suis persuadé.

Sylvinia sourit un peu plus. Elle reconnaissait bien là Neïa. Voilà une reflexion que personne d'autres n'aurait dit ou même penser. Derrière ces paroles qui pouvaient sembler naïves et parfois même un peu folles à certains, se cachait un vrai potentiel. Sans le savoir, Neïa sentait la magie des plantes de façon tellement forte qu'elle s'identifiait à elle de façon émotionnelle. Cela lui permettrait un jour de comprendre des détails botaniques révolutionnaires. Mme Roseraie sentait en elle pointer l'envie de pousser la jeune fille dans la bonne direction... Mais chaque chose en sont temps.

La professeur suivit donc son élève jusqu'aux héllébore, qui étaient magnifiques. Sylvinia était reconnaissante de travailler dans un endroit avec d'aussi beaux spécimens. Il était bien plus facile de réussir une potion de haute qualité avec des ingrédients comme ceux là ! Elle n'aurait pas eu cette chance si elle avait travaillé ailleurs.

- Elles aiment bien être cueillis à la main, la chaleur humaine est agréable et moins agressive qu’un outil.
- Ne t'inquiète pas. Il n'y a vraiment aucune raison de prendre un outils avec des fleurs si délicates.

Mme Roseraie se mit ensuite à inspecter les fleurs une à une, fermant les yeux pour humer leur parfums, tendant la main pour voir leur réaction. Comme énnoncé plus tôt, les meilleurs fleurs pour le Philtre de Paix était les plus agées et donc...

"Toi qui côtoie ces plantes souvent, tu as du remarquer qu'elles ne sont pas toutes curieuses pareilles. Elles n'ont pas tout à fait la même odeurs non plus."

Tout en parlant, Sylvinia continuait de tester chaque fleur. Et il y en avait un certain nombre ! Mais si elle ne prenaient que celles qui lui fallait, cela réduisait de beaucoup ses possibilités. La recherche n'était pas aisée, mais elle était nécessaire à qui voulait préparer le meilleur philtre de paix. Certes, si vous preniez une jeune hellébore, vous auriez aussi un philtre apaisant à la fin, mais les effets seraient moindre et ne perduraient pas autant dans le temps.  

"En réalité, les meilleures hellébores pour un Philtre de paix sont les plus âgées. Elle deviennent plus sages, en quelque sorte. Leur odeur est aussi moins sucrée que les plus jeunes boutures."

Alors qu'elle tendait la main vers une énième fleur, Sylvinia en trouva enfin une parfaite. Une qui ne s'avança pas vers sa main, et en se penchant, elle sentit une odeur moins sucrée que les précédentes. La jeune professeur cueillit donc du bout des doigts la fleur, juste au dessus du premier nœud, de la première feuille, afin de lui donner les meilleures chance de refleurir bientôt.

"Les Alchimistes aguerris et les meilleurs Médicomages savent choisir leurs ingrédients en fonction de la potion qu'ils veulent faire. Une fleur plus calme renforce un philtre de Paix. Pour une potion de puissance, il faudrait choisir une Fleur à corne résistante. Je n'étais pas vraiment la meilleure en potions, mais mes années en Médicomagie m'ont beaucoup appris."

La professeur sourit à son élève, espérant avoir suscité son intérêt dans les délicates nuances de la botanique, une de ces matières préférées. Si seulement ce fichu prof de botanique n'était pas aussi occupé...

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Cette petite Neïa était une vraie bénédiction pour ses professeurs. Il était facile de lire ses émotions, et vraiment pas difficile de savoir quand un sujet l'intéressait. Et il n'y avait aucun doute, la botanique l'intéressait. Elle ne faisait qu'acquiescer, ses yeux brillants fixant la jeune professeur comme si elle lui racontait la plus fascinante des histoires. Sylvinia avait un sourire bienveillant à ses lèvres, appréciant ce moment. Car ce genre de moment allait être rare, avec les temps qui se pointaient à l'horizon...

Alors que Sylvinia mettait la première fleur dans un délicat sac en tissus, elle sentit un vague d'émotion émaner de la jeune femme. Elle se tourna alors vers cette dernière et lut dans ses yeux une excitation qui ne lui était pas habituelle. Mme Roseraie se repassa rapidement en tête ce qu'elle venait de raconter. Mais qu'est-ce qui avait pu inspirer chez cette petite tant d'interêt ?

- Vous avez étudié la Médicomagie ?

Mme Roseraie sourit un peu plus. Et bien voilà qu'elle avait sa réponse, c'était donc cela... Et bien au moins, elle n'aurait plus besoin de poser la question sur ce que la jeune femme voulait faire comme spécialisation dans un an. De ce qu'elle avait entendu en salle de professeur, cela ne devrait pas poser de soucis à la jeune Serdaigle, qui semblait avoir des notes excellentes dans la plupart des matières ! Sylvinia écouta la jeune femme qui contenait tout juste son excitation :


- Donc il existe bien un lien entre les différences de mes amies et la Médicomagie !
- Il existe beaucoup de liens dans le monde Magique... Bien plus que ce que l'on imagine

Neïa s'arrêta un instant, semblant reprendre ses esprits. Son aura d'émotions revient à quelque chose de plus proche de son calme habituel. Sylvinia pencha la tête un peu sur le côté, montrant ainsi qu'elle était prête à écoute son élève :

- Veuillez m’excuser, je suis venue dans ce pays pour étudier la médicomagie à l’origine, c’est donc un sujet qui a tendance à me rendre un peu enjouée...

Mme Roseraie sourit une nouvelle fois puis reprit sa recherche de fleur d'hellébore idéale. Il lui fallait encore deux ou trois fleurs pour préparer la bonne quantité. Elle continua donc d'inspecter délicatement chaque pied fleuri, tout en parlant un peu plus avec la petite Serdaigle :

- Il est normal de réagir ainsi lorsqu'on est passionnée. De plus, les services de Médicomagie de beaucoup d'établissement aurait besoin de botanistes averties. D'ailleurs, ce n'est pas demandé mais... Comment sont tes notes en Potions ?

Pour entrer en Médicomagie, c'était les sortilèges, les enchantements et la métamorphose qui était privilégiés. Sylvinia en savait quelque chose, elle avait dû travailler d'arrache-pied pour obtenir les notes nécessaire pour faire cette spécialisation. Et pourtant, ce métier manquait de personne capable de reconnaître un bon d'un mauvais philtre et encore moins de médicomage comprenait la subtilité de l'usage des plantes. Les sortilèges étaient efficaces, mais on ne peut emmener un sortilège chez soit pour un traitement de fond !

Tout en attendant la réponse de son élève, Mme Roseraie cueillit deux fleurs de plus...

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C'est en voyant le regard un peu gênée de son élève que Sylvinia réalisa qu'elle n'aurait pas sa réponse tout de suite. La petite serdaigle, comme à son habitude, était bien trop modeste et sa réponse ne serait de toute évidence pas assez évocatrice pour que la professeur en tire quoi que ce soit pour la suite. Ce n'était pas bien grave, elle irait voir son collègue de potion oour en savoir plus.

- Je pense que je ne suis pas trop mauvaise… Je suppose…

Mme Roserai esquissa un petit sourire en coin, alors qu'elle cueillait la dernière fleur qui lui était nécessaire. Comme prévu, ce n'était là qu'une demi-réponse. La jeune professeur regarda un peu plus intensément la jeune femme. Il ne fallait pas que cette modestie influe sur les performance de l'élève ce qui arrivait plus souvent qu'on le croyait. A force de jouer les modeste, la confiance en soi en était impactée et la puissance magique diminuait. Surtout avec certaines baguettes...

- J’arrive juste à faire un engrais pas trop mauvais qui a l’air de fonctionner correctement.

Neïa sortit alors une fiole de sa robe et en versa quelques gouttes sur une petite fleur en retard sur ses congénères. La jeune serdaigle murmura quelques mots à la fleur, qui se mit a poussée. Le sourire de Sylvinia s'élargit. C'était magnifique à voir et le ravissement de la jeune élève était d'autant plus beau qu'elle ne se rendait vraiment pas compte de l'impact qu'elle pouvait avoir dans la serre. Le professeur de botanique ne savait pas la chance qu'il avait.

- Elle avait un peu d’appréhension devant toutes ses grandes sœurs, donc je lui ai donné un peu de courage liquide, elle a l’air mieux maintenant, je suis heureuse.

C'était une façon de voir les choses, qui était certes très personnel à Neïa, mais très poétique et magique à sa façon. Mme Roseraie s'approcha un peu de la nouvelle fleur et l'examina. Après une comparaison avec ses congénères, Sylvinia se rendit compte que la nouvelle venue était plus colorée et aussi plus "brillante" que les autres, ce qui montrait une meilleure hydratation et une plus grand longévité.  L'engrais de Neïa était vraiment efficace. Comme l'avait deviner sa professeur, la petit était vraiment douée en potion. Seulement lui dire, n'était peut être pas le plus efficace des moyens.

"Maintenant qu'elle a poussé, trouves-tu qu'elle soit différente de ses soeurs ? Regarde la bien..."

Mme Roseraie avait repris son rôle de professeur. Elle n'aimait pas dicter de longs cours où les élèves n'avaient qu'à retenir. Elle voulait que le savoir de la magie s'incruste en eux et devienne une seconde nature, un instinct. Il fallait donc que les réponses à ses questions viennent d'eux et non d'une personne extérieure, surtout quand cette personne pouvait représenter une figure d'autorité. Sylvinia laissa son élève répondre, puis enchaîna :

"La potion d'engrais aide les plante à pousser. La qualité de cette potion détermine comment la plante pousse et sa qualité finale. Ainsi le résultat en dit long sur la qualité d'une potion. Mais je suis sûr que ton professeur l'a déjà précisé."

Mme de Roseraie souriait toujours gentiment à son élève, puis se dirigea vers un banc à quelque pas de là. Après avoir écartée sa cape, elle s'assit et tendit ses mains. Seï, qui était toujours perché au loin, ne se fit pas prié et vint se poser dans les mains de son humaine. Il aimait se faire câliner de temps en temps. Le petit oiseau se blottit et ferma les yeux alors que Sylvinia commençait à caresser la base de son cou. Elle releva ensuite la tête et regarda à nouveau Neïa :

"Qu'est-ce qui t'attire dans la Medicomagie. Ne répond pas simplement aider les autres, s'il te plait. La réponse à se genre de question est généralement plus complexe."

Sylvinia continua à s'occuper de l'oiseau en attendant la réponse de Neïa. Elle se rappela avec affection que cette même question lui avait été posée par sa mère lorsqu'elle avait choisi la même spécialisation. Que de souvenirs...

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La jeune élève fit un sourire ravie en répondant à la question de sa professeur.

- Oui en effet, elle semble un peu plus colorée et pleine de vie, elle est si heureuse d’avoir enfin réussit à éclore qu’elle en est devenue rayonnante de joie. Je suis contente !

Certes l'analyse n'était pas très cartésienne, mais l'idée était là et c'était tout ce qui était important pour Sylvinia. Après tout, elles n'étaient même pas en cours ! Neïa était vraiment une élève unique, avec sa propre vision des choses. Enfin, si son bonheur se construisait en faisant pousser des fleurs, elle aurait toujours quelque chose pour lui remonter le moral ! Bien que l'explication de sa professeur la fit visiblement réfléchir, sa conclusion finale ne s'écartait pas de  son discours habituel.

Lorsque Mme Roseraie posa sa fameuse question sur la Medicomagie, Neïa changea d'expression. A vrai dire, Sylvinia s'attendait à cela. C'était déjà beaucoup que la jeune serdaigle sache ce qu'elle la passionnait. La plupart de ses camarades cherchait encore leur voie ou quelque chose qui les fasse un tantinet vibrer. Et pour certains, ce n'était pas gagné ! Alors Neïa avait déjà une longueur sur ceux là, mais il n'était jamais trop tôt de se poser les bonnes questions.

Bien qu'il n'y ait ni bonne ni mauvaise réponse à sa question, la jeune professeur écouta avec attention. Bien qu'un fond de sagesse étonnant pouvait se cacher dans la réponse, une naïveté presque aveuglant la recouvrait. Sylvinia eut un pincement au cœur, espérant que le monde et sa cruauté n'abîme pas trop cette petite serdaigle. Même si son instinct lui disait que c'était peine perdu... Si seulement il n'y avait aucune mauvaise personne... Malheureusement, bien que la nature humaine ne soit ni bonne ni mauvaise, comme Neïa le savait au fond d'elle, l'environnement et la société actuelle était capable de corrompre au delà de ce que l'on se rendait compte. Cependant, Mme Roseraie ne voulait pas encore entacher l'optimisme de Neïa. Elle espérait simplement être proche lorsque la cruauté la frapperait la première fois...

- Ah et le fait de montrer toute la puissance et l’utilité de mes meilleures amies florales ! Elles ne sont pas assez appréciées à leur juste valeur à mon avis.

Sylvinia chassa ses pensées noires en entendant cette réponse et sourit à la jeune fille. Neïa ne perdait jamais le Nord lorsqu'il s'agissait de ses plantes adorées. Il aurait été très étonnant et même inquiétant, de ne pas l'entendre parler de plantes pendant une conversation. Un instant, la jeune professeur se rappela la première année où elle avait découvert la Magie élémentaire. Elle était si passionnée qu'elle en aurait parler à tout le monde. Enfin si elle avait eu plus d'amie et surtout, plus de conversation. Elle avait toujours été du genre silencieuse. Elle répondit au sourire de son élève par un autre, compréhensif et tendre.

"Et bien avec tout ça, tu ne vas pas t'ennuyer. En plus de devoir avoir les notes nécessaires pour rentrer dans la spécialisation, il serait bien que tu gardes un très bon niveau en Potion et en Botanique. Cela permettra de justifier à ton professeur que tu t'orientes davantage avec l'usage des plantes que ne le veux la discipline. "

Elle laissa un instant ses paroles faire effet. Seï s'agita un peu, signe qu'il était temps d'arrêter les caresses pour une autre activité. Il se percha sur l'épaule de Sylvinia pour se nettoyer un peu les plumes. Certes l'oiseau n'était pas si petit, mais la jeune femme avait l'habitude de ses mouvements désordonnés sur son épaule. L'attachement de l'oiseau et de l'humaine pouvait être étonnant à d'autres, mais il s'était s'installé très naturellement. Mme Roseraie reporta ensuite son attention sur Neïa.

"Ne t'inquiète pas, je suis sûre que tu n'auras aucun soucis à arriver à ton but. Lorsqu'on est passionné et que l'on fait les choses pour soi-même, selon ses propres valeurs, tout semble plus simple."

Elle rassura son élève d'un sourire. Oui, quoi qu'il se passe, tout devrait bien se passer pour cette petite.

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- C’est entendu professeur, je vais faire mon maximum et étudier autant qu’il le faudra.

Comme toujours, Neïa était lumineuse et irradiait de positivité. Cela donnait le même ressentit que lorsque l'on prenait un bon bain de soleil après une longue période enfermée ou de mauvaise temps. C'était vraiment agréable. Surtout au vu de ce que cette année annonçait. Sylvinia chassa de son esprit ses noirs pressentiments. Elle se trompait surement, elle était surement juste inquiète pour son année.

De son côté, la petit Neïa confirma encore sa passion pour la Médicomagie. Mme Roseraie avait presque envie de la présenter à sa mère. Ces deux-là auraient pu parler des heures et des heures. Kira adorait les gens positifs et ouverts, les gens à son image. Voilà qui aurait été un joli tableau. Mais c'était encore bien trop tôt. Sylvinia n'avait encore jamais mélanger sa vie personnelle et professionnelle, même si ce n'était pas quelque chose qu'elle excluait volontairement. Disons que la situation n'avait jamais demandé cela et ça lui convenait bien.

- Je vous remercie beaucoup Mademoiselle Roseraie, vous êtes aussi gentille qu’une rose qui partage sa vitalité avec les plus jeunes pour les rendre aussi rayonnantes que les plus âgée ! Je vais faire de mon mieux pour donner le meilleur de moi.

Les compliments de Neïa était toujours très originaux, bien que beaucoup ne les comprenaient pas ou avait tendance à se moquer de ce genre de formulation. Sylvinia quant à elle, ne savait absolument pas prendre les compliments. Jusque là, elle arrivait toujours à éviter, volontairement ou non, de réagir à ce genre de chose, ou bien elle ignorait simplement la phrase en question. D'ailleurs, c'est l'option qu'elle choisit là ce contentant de sourit une fois de plus à la jeune élève. Qui continuait d'ailleurs sur sa lancé, ce qui arrangeait sa professeur.

"- Si à l’occasion vous venez rechercher des ingrédients, ce serait un honneur que vous me parliez de Médicomagie si cela ne vous dérange pas trop…"

Contrairement à d'autres, c'était très rare d'entendre Neïa formuler une demande, quel qu'elle soit, même la plus petite. Elle avait même du mal à poser des questions en cours, ayant peur de déranger. D'ailleurs, cela se confirma avec sa réaction. Les deux mains laquer sur sa bouche, le regard perdu, elle avait visiblement parler plus vite qu'elle ne l'avait voulu. Et pourtant, c'était bien loin d'être dérangeant aux yeux de Sylvinia. La jeune professeur aimait par dessus tout répondre aux questions, et parler de son expérience. C'était ce qui lui plaisait le plus ! Et elle était déterminée à le montrer à Neïa.

"Bien sûr, avec grand plaisir. Tu sais, tu peux aussi passer dans mon bureau si tu as une question, même si ce n'est pas sur la Magie Elémentaire. Je suis toujours heureuse de pouvoir aider les élèves comme toi, quelque soit le sujet."

Sylvinia avait un grand sourire aux lèvres et avait pris une voix rassurante, appuyant les mots important pour être sûre que cela reste dans l'esprit de Neïa. En tant que professeur, elle se devait d'être là pour tous les élèves de Poudlard, même ceux qu'elle n'avait pas en cours. Son côté protecteur n'avait jamais eu l'occasion de s'exprimer dans les murs du château, mais il était là, prêt à agir. Mme Roseraie ajouta alors, pour appuyer son propos un peu plus.

"Et si tu ne me trouves pas dans mon bureau, c'est que je suis sûrement à la bibliothèque. J'y fais encore beaucoup de recherches, il y a tant à apprendre. Tu peux sans aucun soucis m'y rejoindre. Et puis tu seras au bon endroit pour trouver tout un tas d'ouvrages méconnus sur la Médicomagie."

Sylvinia afficha un petit sourire malicieux, quasiment certaine que cela allait intéresser la jeune Serdaigle. Les esprits comme Neïa était unique et précieux, il fallait en prendre soin, et elle voulait vraiment que la jeune adolescente sache qu'elle pouvait compter sur sa professeur. Elle sourit une nouvelle fois à Neïa, laissant un temps cette dernière enregistrer tout cela. Puis Mme Roseraie se leva, replaçant Seï dans sa capuche et réajustant le tissus autour d'elle. Une fois ceci fait, elle s'adressa à nouveau à la jeune élève.

"Cela te dirait de m'accompagner jusqu'aux mandragores ? Je veux verifier que tout va bien pour elles avant de repartir."

Sylvinia se positionna devant Neïa, attendant patiemment une réponse.

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